Transformations responsables

Éco-pâturage en plein campus de Marseille

Centrale Méditerranée se donne comme objectif de partager collectivement le sujet du vivant et de la biodiversité et d’améliorer son campus vers toujours plus de durabilité et de qualité de vie. Dans ce cadre, l'école a eu la chance d’accueillir “les Moutons Marseillais”, un élevage ovin itinérant implanté à Marseille depuis 2022.
Moutons câlins

De mars à avril 2025, les brebis ont partagé le campus avec les étudiants et les personnels, servant de prétexte à différentes actions pédagogiques : micro-transhumance, permanences bergères, inventaire participatif de la flore, fresques de la biodiversité et des sols vivants, et initiation à la “gestion différenciée des espaces verts” pour 30 collégiens et lycéens des quartiers Nord.

Retour sur une expérience aussi riche que dépaysante !
 

Vu par la fenêtre : des étudiants et des moutons en plein pique-nique 🐑

Le soleil printanier réchauffe doucement le campus, quelques étudiants discutent en cercle, d'autres sortent leur sandwich… Non loin, 36 brebis et agneaux pâturent paisiblement. Ce n’est pas le générique d’Heidi, mais bien de l’éco-pâturage en plein 13e arrondissement.

Depuis quelques semaines, le campus de Centrale Méditerranée accueille un troupeau pour entretenir (entre autres) les près de 12 hectares verts du campus

Véritables acteurs de la biodiversité, les moutons en s’alimentant entretiennent naturellement les sols et fertilisent la terre de leurs déjections.

Comme ce n’est pas uniforme comme tonte, ils vont créer des micros habitats et favoriser la diversité floristique, ce qui attirera davantage de pollinisateurs et d’espèces animales variées. Ils vont aussi maintenir la prairie en régulant l'embroussaillement et les espèces invasives. L’herbe sera aussi moins courte et donc le sol moins sec. À condition de choisir la bonne période et de ne pas les laisser trop longtemps.” complète Jean-Michel Petit de l’Association GERM’

Bref, de vraies tondeuses, mais en mieux : plus écologiques et plus silencieuses.

Le lien au vivant

Les brebis ont vite conquis le cœur des étudiants et des personnels. Les réactions sont enthousiastes, certains viennent poser des questions à Maïté Kaczmarek, qui dirige le troupeau. D’autres s’arrêtent simplement pour les observer, discuter, souffler. “C’est marrant on voit tout le monde manger dehors et profiter de leur présence” confie Alice, du service communication. C’est comme s’il manquait avant une raison de ralentir et de profiter du dehors.

On le sait, la nature a un impact positif prouvé sur le bien-être mental. Mais ce qui a surpris les équipes, c’est à quel point les bêtes viennent tisser du lien social. Les brebis nous réapprennent que chaque mètre carré compte et gonflent nos poumons d’air et nos oreilles de “Bêeeh” qui font bien plaisir, au même titre que le chant des oiseaux.

élèves et moutons

Maïté Kaczmarek

Coordinatrice de l'association Les Moutons Marseillais

Les moutons ont un effet aimant. Ils créent des connexions entre des gens qui ne se parlent jamais. Elles nous rappellent qu’on fait partie d’un tout.

Une pédagogie qui bouscule les cadres

Au-delà de l’expérimentation, l’éco-pâturage à Centrale a été aussi pensé comme un outil pédagogique à part entière. Deux journées d’animation ont été organisées avec des collégiens et lycéens tutorés d’Échanges Phocéens, un dispositif d’égalité des chances mené par le Labo Sociétal et labellisé “Cordée de la réussite”.

Au programme : inventaire  participatif de la flore, fresques des sols et de la biodiversité, introduction à la gestion différenciée des espaces verts. Les jeunes ont même réalisé une maquette 3D d’une gestion écologique du campus, imaginant leur propre plan d’action.

image décorative

Maïté Kaczmarek

Coordinatrice de l'association Les Moutons Marseillais

On a eu un magnifique accueil à Centrale Méditerranée. Je n’ai jamais été aussi bien accueillie quelque part. Centrale fait partie des structures qui nous soutiennent vraiment.

Le concept de gestion différenciée, expliqué par GERM’

Derrière cette initiative se trouve une approche rigoureuse de l’entretien des espaces : la gestion différenciée. Portée ici par l’association GERM’ (Gestion Écologique et Renaturation des Milieux), est une méthode qui consiste à adapter les pratiques de gestion selon les usages et les ressources en biodiversité des lieux.

Résultat : des zones plus sauvages, d’autres plus aménagées, mais toutes pensées pour favoriser le foisonnement des espèces tout en  respectant les usages.

Quelques grands principes de gestion écologique d’un milieu

  • Laisser des zones non perturbées notamment au printemps.
  • Se servir de la fauche pour créer des zones de “détentes” et des chemins.
  • Si c’est possible : ajouter des milieux : comme une haie champêtre, ou une mare.
  • Insérer des nichoirs pour les oiseaux et les chauve souris.
image déocrative

Jean-Michel Petit

De l'Association GERM'

Une jeune collégienne nous a dit “je n’aime pas les plantes”. Elle était plus intéressée quand j’ai expliqué qu’on en mangeait. En fait, on remarque que les gens se braquent avec cette idée d’écologie punitive. Mais quand on leur montre tous les services rendus par la nature, tout de suite la relation change.
La biodiversité, est un levier de résilience et d’habitabilité face aux fortes chaleurs. À Centrale, comme ailleurs, il n’y a pas besoin de faire des sacrifices. Je leur montre que c’est assez simple et pas cher d’encourager la biodiversité. Il y a peu de contraintes.

Former aux enjeux écologiques les élèves-ingénieurs

Au fond, pourquoi des moutons à Centrale ? Parce que cette initiative est parfaitement alignée avec le plan stratégique de l’école : former des ingénieurs pour l’intérêt général. Pour les élèves, ces expérimentations ne sont pas anecdotiques. Elles permettent d’observer concrètement des dynamiques scientifiques, d’ancrer leur apprentissage dans un territoire, de croiser les disciplines et les regards.

Discuter avec ces jeunes ingénieurs, c’est s’ouvrir à des débats passionnants sur l’écologie, la responsabilité, l’innovation. Centrale Méditerranée revendique ce rôle : être un lieu de transformation, un lieu où l’on prépare les citoyens à comprendre et relever les défis environnementaux, à imaginer des solutions concrètes en lien avec les acteurs du territoire.

Il ne s’agit plus de se demander s’il faut intégrer l’écologie à l’école ou dans les entreprises. Il le faut – et c’est ce que l’école met en œuvre au quotidien à travers ses enseignements, son campus, et des actions comme l’éco-pâturage, les politiques de mobilité douce ou encore le Labo Sociétal.

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“Il n’y a pas d’action sans sensibilisation”

L’éco-pâturage n’est pas une anecdote bucolique. C’est une pièce d’un puzzle élargit. Le campus s’insère par exemple au sein de la trame verte urbaine marseillaise, un réseau d’espaces naturels, connectés entre eux, pour offrir des continuités écologiques en ville et permettre aux espèces de se déplacer pour se nourrir et se reproduire.

L’école est pensée à la fois au sein de cet espace géographique et aussi comme un lieu d’apprentissage des futurs décideurs. Elle fait le pari de la responsabilité citoyenne et de la science appliquée aux enjeux de notre siècle.

"On doit toutes et tous prendre conscience que, dans la nature, personne n'existe seul. Les futurs décideurs que vous formez auront la responsabilité de la préserver, pour eux et pour leurs petits-enfants qui vivront dans un monde très différent du nôtre. S’approprier ces enjeux est indispensable pour pouvoir choisir en conscience.

Je reste optimiste quand je vois ces jeunes : ce genre d’actions, à titre personnel me redonne vraiment de l’espoir.” - Jean-Michel Petit

On termine sur une anecdote ?

"Un soir à 20h, le PC sécurité m’appelle : “les brebis se sont encore échappées Maïté”. Je me souviendrai toujours de cette image d’un grand gaillard, en difficulté avec une brebis fugueuse sous chaque bras… 

Une autre fois, je regarde les images des caméras de surveillance, et je découvre un étudiant libérer une brebis coincée dans les filets de délimitation. D’ailleurs, j’ai réalisé ce jour-là que j’avais grondé la mauvaise brebis ! Ce qui est fou, c’est que la fautive (la vraie) était venue poser sa tête contre moi peu après son méfait, comme pour se faire pardonner. Les brebis savent très bien faire les fayottes."  - Maïté

Arrivée des moutons
Ecopaturage image décorative
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Moutons à l'ombre
Atelier mouton avec Echange Pho
Moutons avec collégienne
Collégiens donnant biberon au mouton
Atelier Biodiversité Labo Sociétal

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