École

Spectacles APSA : les talents en éveil

Ingénieurs ou artistes ? Et pourquoi pas les deux ? Architecture, photographie, cinéma, informatique... l’art et la technique s’entremêlent depuis des siècles. Avec leurs spectacles validant l’UE APSA, nos élèves s’inscrivent ainsi dans une longue tradition. Pourquoi corseter les individus dans un rôle, une fonction, une étiquette unique ? Soyons tout ! 

Spectacles APSA

Final du spectacle Rencontre du 3e art, le 27 janvier 2022. © PXC Marseille

Ils étaient tous là ! Mark Zuckerberg, qui a fait une pause entre deux domptages d’algorithmes pour raconter son aventure entrepreneuriale ; Léonard de Vinci, modeste et amoureux fou de la nature ; Clark Kent, descendu tout droit de Krypton spécialement pour l’occasion et qui, à 88 ans, en paraît toujours 20... À leurs côtés, plusieurs anonymes, fan de foot ou de radis, riche à millions ou xénophobe...

En cette fin janvier 2022, le hangar (Hang’Art) de l’École était chaud d’une sève ardente, d’une énergie vitale que venaient souligner quelques moments de grâce. Les élèves des APSA artistiques produisaient leur spectacle devant leurs camarades et quelques personnels sur le thème de l’inclusion.
 

Groupes d'élèves en tenant une par la main

Rencontre du 3e art, un spectacle sur l’inclusion construit par les élèves et leurs professeurs. © PXC Marseille

Danse, chant, comédie, arts plastiques se sont articulés, combinés, conjugués et mutuellement énergisés pour évoquer, d’une part, les liens entre les différentes formes de travail et d’expression artistiques et, d’autre part, l’inclusion. De là, la superposition et le dialogue des scènes de danse et de chant, de jeu théâtral et du dessin. « Car l’inclusion commence par une rencontre », rappelle Héléna Bachelet, élève de 2e année, alors responsable des clubs au Bureau des arts : « Ce spectacle raconte la rencontre de plusieurs arts et d’étudiants qui ne pensaient pas travailler ensemble. Par la référence à la rencontre du 3e type, nous voulions évoquer l’idée d’un télescopage étrange, imprévu... »

57 artistes ingénieurs, toutes disciplines confondues

Plasticiens, danseurs, comédiens, chanteurs performent dans un décor mouvant et évolutif, « volontairement épuré pour placer l’humain avant le matériel », précise Héléna Bachelet, qui raconte la construction du spectacle : « Les étudiants partageaient leurs idées, que les enseignants aidaient à mettre en forme et en cohérence tout en avançant leurs propres suggestions. Nous avons aussi mis en commun nos séances de travail : les plasticiens venaient dessiner les comédiens ou les danseurs pendant la répétition de ces derniers. »
 

Professeur applaudissant le spectacle de ses élèves

Jean-Philippe Bayle, professeur, responsable APSA et metteur en scène des spectacles centraliens. © PXC Marseille

Professeur, responsable de l’UE APSA (activités physiques, sportives et artistiques) et metteur en scène du spectacle, Jean-Philippe Bayle complète : « Tout a été monté en douze séances. Chaque groupe a travaillé de manière autonome, avec l’appui des enseignants. Puis, nous avons réuni et harmonisé tous les projets. » Les élèves ont écrit leurs monologues sur la diversité et les stéréotypes, accompagnés par leur professeur de théâtre. Un extrait de Hamlet Machine de Heiner Müller a également été convoqué.

Quant aux musiques, elles se sont inspirées de la pratique du soundpainting, un exercice d’improvisation dirigée. Résultat : de l’humour, de l’effervescence, quelques convictions... et un public aux anges !
 

Chorale d'élèves

Rendez-vous à la g’art, spectacle conçu par les élèves et les enseignants APSA artistiques, explorait les différentes formes de l’amour. © PXC Marseille


S’exprimer et s’engager par tous les moyens
 

Six mois plus tard, le 2 juin : changement de décor. Les élèves artistes donnaient à leur public « Rendez-vous à la g’art », pour un nouveau spectacle toujours imaginé par eux, avec le soutien de leurs enseignants. Là aussi, les scènes se succèdent comme autant d’histoires. Amitié, famille déchirée, hymne à l’indépendance... les gares sont des scènes ouvertes où se jouent des drames parfois, où s’éprouvent une palette d’émotions aussi, où un échantillon d’humanité se rencontre, se quitte, se retrouve, s’aime. Sans cesse et de toutes les manières possibles. Derechef, les élèves ont scotché l’assistance. 
 

Fanfare étudiante de Centrale Marseille

Fanfare de l’École, la Farigoule performe toujours dans une joie et une bonne humeur communicatives. © PXC Marseille

Pour célébrer la nouvelle fresque de l’école issue de l’opération « Repeins ton école ! », les performances musicales de La Farigoule et du Techno Pôle, les acrobaties des Pompim’s et les stands et animations du Bureau des arts ont agrémenté les festivités, qui se sont achevées par un barbecue à la bonne franquette et à la belle étoile.
 

Arts et sciences, une symbiose parfaite
 

Autodidacte, Filippo Brunelleschi (1377-1446) est couramment regardé comme l’inventeur de la perspective... et du métier d’ingénieur. Cette figure de la Renaissance italienne, orfèvre, sculpteur, architecte, inventeur de machines... a marqué l’histoire de l’art et des techniques grâce au dôme qu’il a conçu pour la cathédrale de Florence. Une prouesse d’autant plus remarquable que l’exercice paraissait impossible aux yeux de ses contemporains. Et si les sciences de l’ingénierie aidaient l’artiste à se surpasser ? Et si l’inverse était également vrai ?

Artistes et ingénieurs explorent, créent, innovent, façonnent les visions du monde. Dans l’Antiquité, au Moyen Age, jusqu’au XIXe siècle et plus tard encore, l’art, la science et la technologie cohabitent et s’alimentent mutuellement. Léonard de Vinci s’avance comme l’emblème iconique de cette fusion féconde.

De même, pour sauver le monde, d’aucuns en appellent aux artistes ; d’autres, aux ingénieurs. C’est dire l’attente sociale que les uns et les autres portent. 
 

Une élève devant des dessins réalisés par ses camarades

La madone au sourire énigmatique de Léonard de Vinci, revue par nos artistes ingénieurs. Un beau clin d’œil au grand maître de la Renaissance italienne qui a toujours associé art et ingénierie. © PXC Marseille

 

Une pratique artistique pour sublimer la formation ingénieur
 

Au moment de plaider pour la pratique des arts (et des sports) dans une école scientifique, chacun y va de ses arguments. Pour Jean-Philippe Bayle, l’art et le sport restent essentiels dans la formation ingénieur : « La conscience du corps, la santé, le bien-être de l’individu sont indissociables de la performance en entreprise et dans la vie, en général. »

Quant à Audrey Soric, directrice de la formation, elle développe : « La crise pandémique liée au Covid-19 a favorisé l’essor des arts plastiques à l’École. Si les élèves ne pouvaient plus disputer de parties de football, ils pouvaient toujours prendre le pinceau et, à bonne distance les uns des autres, s’exprimer d’une nouvelle manière. »
 

La directrice de la formation et la directrice de Centrale Marseille

À droite, Audrey Soric, directrice de la formation, assiste à la représentation de Rendez-vous à la g’art, aux côtés de Carole Deumié, directrice de l’École. © PXC Marseille


S’impliquer, s’acculturer, montrer une progression
 

L’art appelle l’affirmation de soi, l’engagement, l’échange. Pratiquer un art éveille les sens, aiguise le regard critique, encourage l’autonomie, ouvre l’horizon des possibles, stimule la créativité, immerge dans de nouveaux mondes, modifie les catégories de perception. Certes, mais pas seulement. Pour la directrice de la formation, l’objectif vise aussi à faire s’engager les élèves sur un temps long dans une activité autre que scientifique.

« Nous voulons que les élèves élaborent un projet et s’y investissent. Dans le sport comme dans les arts, nous les invitons à se dépasser, à mettre leurs limites au défi, à mobiliser leur corps... Pour réaliser la fresque de la rue Haute, les élèves se sont rendus au musée, ont conçu, avec leur professeure d’arts plastiques, Karine Santi-Weil, un projet sur les couleurs et les formes. Ils se sont acculturés à tout un univers et se sont investis. »

L’École mesure la place et le rôle de l’artiste dans la cité. Elle sait combien les collaborations entre artistes et ingénieurs peuvent être fructueuses et propices. C’est pourquoi accueillir des résidences d’artistes sur le campus marseillais s’inscrit parmi ses projets !
 

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Groupe d'élèves souriants après le spectacle

Des élèves rayonnants et épanouis comme on les aime ! © PXC Marseille


La pratique des arts à Centrale Marseille, ce sont les élèves qui en parlent le mieux !

Groupe d'élèves

Héléna Bachelet, son écharpe nouée autour du cou, a joué un grand rôle dans l’organisation du spectacle Rencontre du 3e art, pour lequel elle avait proposé le titre Oui, toi aussi.  © PXC Marseille

Héléna Bachelet, élève de 2e année, ancienne responsable des clubs du Bureau des arts ; elle prône une pensée émancipée des carcans.

« Ces spectacles résonnent avec l’une des compétences de l’ingénieur centralien : l’innovation. Grâce aux APSA artistiques, les élèves peuvent développer leur créativité dans un cadre différent de celui du cursus classique, ce qui est, à mes yeux, indispensable pour savoir oser penser en dehors de la boîte et imaginer des solutions inattendues. 

En plus de la dimension créative ou culturelle, chaque activité contribue au développement de compétences : prendre la parole, occuper un espace devant un public, savoir représenter son environnement, savoir se tenir pour s’affirmer de manière non verbale, etc. »

4 élèves dansent

Charlotte Pagot et ses camarades danseuses ont appris à danser avec leur masque... © PXC Marseille

Charlotte Pagot, élève de 1re année, danseuse motivée et infatigable, convaincue que l’art est utile dès lors qu’il renforce la confiance en soi

« Fortement investies pour ce spectacle – tous les jeudis, nous avons réalisé 3 heures d’entraînement, au lieu de l’heure et demie initialement prévue –, nous avons pu prendre part à la création de la chorégraphie.

À quelques exceptions près, toutes les danseuses étaient aguerries. Certaines sont diplômées de conservatoires classiques ; d’autres ont pratiqué de nombreux styles de danse différents. Pour ce qui me concerne, je pratiquais environ 15 heures par semaine en collège et lycée.

Jean-Philippe Bayle a joué un rôle central pour sélectionner et faire fusionner toutes les idées qui ont émergé. » 
 

Élève en mouvement au milieu d'un groupe

La fougue de Niccolò Crescenti sur scène ! © PXC Marseille

Niccolò Crescenti, élève de 2e année, responsable du club théâtre au premier semestre, comédien passionné par l’art de la récitation et fondu de tennis.

« La consigne était de faire exister la diversité dans les figures qu’on choisissait de présenter. J’ai donc interprété deux personnages : le Danois Gudmund, un patriote qui n’a jamais vécu au Danemark, et le 45e président des États-Unis, qui déclame contre les flux migratoires à la frontière sud de son pays.

La représentation finale et le contact avec le public font partie des choses les plus belles dans la construction d’un spectacle. Aussi, même si elles peuvent être pénibles précisément pour leur caractère répétitif, les répétitions restent des moments riches en apprentissage.

L’art occupe une place importante dans la vie de chaque individu peu importe la carrière envisagée ou la profession exercée. L’art embrasse l’individu dans son intimité. Parcourant les grandes figures de l’histoire, personnalités politiques, entrepreneurs, etc., je n’en trouve aucune qui n’a pas eu une passion pour une quelconque forme d’art. Pour l’ingénieur, il est important de compléter le bagage scientifique et technique de capacités liées à l’art, ne serait-ce que pour l’apprécier.


“Le monde entier est un théâtre”, écrivait Shakespeare : cette clé de lecture peut nous apporter une manière différente d’appréhender les thématiques et enjeux actuels. »

3 élèves chantent

Pas de solo pour Arthur Louradou, mais une belle performance collective ! © PXC Marseille

Arthur Louradou, élève de 2e année, responsable, jusqu’au premier semestre, du club de chant Silence, ça chante ! ; il aime porter la voix, mais toujours pour faire du bien.

« Nos cours hebdomadaires nous ont permis de répéter librement les morceaux que nous avions choisis ensemble, avec notre professeure. À mon sens, c’est cette liberté qui fait des activités artistiques un réel moment à part au sein de la formation d’ingénieur.

La représentation du spectacle devant un public a été une réelle fierté pour nous tous. En tant qu’accomplissement du travail fourni, mais aussi, et surtout, pour le plaisir pris à pratiquer des disciplines délaissées pendant les années de prépa’ !

Le club de chant du Bureau des arts réunit, depuis quelques années, des pratiquants amateurs ou confirmés. À l’origine animé par les seuls élèves, il a progressivement pris de l’ampleur au point de devenir une activité validante de l’UE APSA, grâce à l’encadrement d’un professionnel de la musique. Cette année, nous devons beaucoup à notre professeure Julie Eychenne qui nous a transmis son énergie et son talent musical. »
 

2 élèves dessinent sur un tableau

Avec ses camarades plasticiennes et plasticiens, Lise Dulieu a dessiné en direct et sans repentir ! © PXC Marseille

Lise Dulieu, élève de 1re année ; avec ses camarades plasticiens, elle a croqué des danseuses en mouvement quasi permanent. Un défi !

« Le dessin a toujours été l’un de mes loisirs préférés. J’ai vraiment apprécié pouvoir reprendre la pratique des arts après la prépa grâce à l’APSA arts plastiques.

Pour notre spectacle de janvier, j’ai participé à la construction des panneaux en bois de deux mètres sur un, qui ont servi de supports aux plasticiens. J’ai aussi contribué à l’écriture du spectacle, notamment pour définir précisément le rôle des plasticiens sur scène, qui faisaient partie intégrante du spectacle dans le rôle d’observateurs. Nous avons en effet réalisé des croquis en direct des danseuses et comédiens et interagi avec chacune et chacun d’entre eux.

Ce spectacle a été un vrai défi pour moi. J’ignorais, lorsque je me suis inscrite pour cet APSA, que j'allais devoir participer à une représentation et monter sur scène. De plus, le croquis sur modèle vivant est un exercice difficile, dont la complexité était d'autant plus grande que nos supports étaient très grands et que les modèles étaient en mouvement permanent. Pouvoir saisir les moments clefs du spectacle et les retranscrire par le dessin a donc été vraiment gratifiant, cela m'a demandé beaucoup d'entraînement pendant les séances de répétition et je suis assez contente du résultat.

Je considère primordial de proposer des activités artistiques en école d’ingénieurs. Notamment parce que cela permet aux débutants de découvrir une activité artistique sans s’engager financièrement. Aussi parce que c’est une bonne chose de pouvoir s’éloigner un peu des sciences, de réfléchir autrement, d’apprendre à s’exprimer autrement, aidés par des méthodes d’enseignement différentes. » 

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