École

Mitra, une passion pour les projets collectifs et les mathématiques appliquées

À l’occasion des Journées de Statistiques 2025 à Marseille, nous avons rencontré Mitra Fouladirad, présidente du comité d’organisation.
Son parcours, entre recherche appliquée, ingénierie et enseignement, raconte une trajectoire singulière, guidée par la curiosité scientifique et le désir d’avoir un impact concret sur le monde.
Portrait de Mitra Fouladirad

À Centrale Méditerranée, elle enseigne les statistiques et participe à former de futurs ingénieurs capables de prendre en compte et mesurer l’incertitude, de questionner les modèles et de prendre des décisions de leaders éclairés, grâce à l’analyse de données et la modélisation probabiliste.

👩‍🏫 Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis professeure des universités à Centrale Méditerranée. J’ai une formation en mathématiques, puis en statistiques, avec un doctorat appliqué aux données réelles et à la modélisation. Je travaille dans le laboratoire M2P2 où je suis la seule statisticienne. J’ai toujours eu un goût pour les approches transversales.

Mon premier métier, c’est l’enseignement. J’y tiens beaucoup.

J’essaie d’être pédagogue, ne pas m’adresser qu’à une minorité d’initiés, et d’attirer aussi celles et ceux qui sont plus éloignés des mathématiques. Je suis responsable de la thématique mathématiques, et j’enseigne les probabilités et les statistiques aux élèves de 1re, 2e et 3e années.

Comment avez-vous su que vous feriez carrière en recherche et deviendrez statisticienne ?

Quand j’étais au lycée, je voulais un métier où apprendre tous les jours avec des valeurs, concrètes et scientifiques et qui ne se répètent pas tous les jours. C’est ce qui m’a motivé à me former à l’enseignement et la recherche en statistiques.

Ce qui m’a passionnée, c’est de pouvoir calibrer un modèle probabiliste sur des données réelles issues d’un problème taché d’incertitude et de tenter de prédire le futur avec un maximum de certitude, c’est magique.

Nous vivons dans un monde de plus en plus incertain, mais avec de plus en plus de données. Résultat : nous pouvons essayer de modéliser certains phénomènes, pour sortir du flou de l’incertain et prendre des décisions que nous espérons les meilleures.

Vous pourriez nous donner un exemple permettant de comprendre la différence entre les statistiques et les probabilités ?

Prenons un dé. Nous savons que la probabilité de chaque chiffre, c’est 1 sur 6.

Mais si on ne sait pas si le dé est truqué, il faut le lancer de nombreuses fois et voir ce que ça donne. 🎲

Nous avons donc un modèle théorique : le fait que chaque face a une chance sur six. Mais ce modèle, il faut le confronter aux statistiques, à savoir, ce qui se passe vraiment quand on en fait l’expérience.

Et c’est ça qui est intéressant : partir de ce que nous pensons savoir (la probabilité), puis tester cette hypothèse et voir si elle colle à la réalité.

Mitra Fouladirad

Professeure des universités

Je suis très attachée à relier théorie et réalité : je reste proche du terrain, que ce soit dans mes travaux de recherche ou dans mes cours, que j’ancre toujours dans des projets concrets avec de vraies données. C’est ce lien avec le réel qui m’a menée vers les statistiques : elles permettent de sortir du flou, de modéliser l’incertitude, et de mieux décider.

Que sont exactement les Journées de la Statistique (JdS) et pourquoi est-ce important ?

C’est l’événement scientifique de référence pour les statisticiens francophones. Plus de 400 participants (chercheurs, enseignants, doctorants, professionnels) échangent sur les dernières avancées théoriques et les applications concrètes : santé, climat, intelligence artificielle, industrie...

Pour cette 56e édition, nous accueillons les JdS à Marseille, avec un programme très riche : apprentissage et intelligence artificielle (éthique, hybride, générative), statistique et gestion des risques (actuariat, extrêmes, fiabilité) et statistique bayésienne (computation, approximation variationnelle), avec une attention particulière aux recherches liées à l’environnement, au climat, à la biologie, la santé et à l’industrie. C’est aussi un moment collectif stimulant : nous sortons de nos habitudes, apprenons et partageons avec nos pairs.

Vous êtes présidente du comité local d’organisation. Quel est votre rôle dans cet événement ?

Je suis responsable de l’accueil, de la logistique, des invités, des salles et de la coordination scientifique. C’est un vrai travail d’équipe : nous sommes une dizaine à organiser cela, avec des collègues d’Aix-Marseille Université, du CNRS, de Centrale Méditerranée, des étudiants en master… L’équipe s’est formidablement mobilisée, je suis entourée par des perles rares dévouées à leurs tâches dans l’organisation.

programme

Pour lancer ce congrès, nous serons reçus à l’Hôtel de ville de Marseille, en présence du Maire de Marseille. Ce sera aussi l’occasion de remercier tous les partenaires institutionnels impliqués. Et Carole Deumié, notre Directrice, réaffirmera le soutien de l’École à cette initiative et son attachement au rayonnement scientifique et académique de Marseille et de sa région. Un événement de cette ampleur, c’est aussi une aventure humaine vécue en coulisses.

Pourquoi les statistiques sont-elles si importantes dans la formation des ingénieurs aujourd’hui ?

Les statistiques ont toujours été incontournables dans presque tous les secteurs : santé, climat, industrie, finance, recherche pharmaceutique… Nous vivons dans un monde de données ! Il faut être capable de les comprendre, de les critiquer, et de les utiliser pour prendre des décisions importantes.

À Centrale Méditerranée, les élèves ingénieurs abordent les statistiques à plusieurs niveaux :

  • En première année : cours de probabilité/statistique dans le tronc commun mathématique MAT1.
  • En deuxième année : approfondissements via des électifs, l’approfondissement MIE et notamment en S8 DMC, et environnement.
  • En troisième année : cours dans les options DDEFI et CLIMATHS.

Certains étudiants vont encore plus loin : ils réalisent des stages très techniques, poursuivent en double diplôme à l’étranger ou intègrent des masters de haut niveau en statistique. J’espère que de plus en plus d’étudiants de Centrale oseront ces voies d’excellence.

Vous êtes une femme dans un domaine encore masculin. Qu’est-ce que ça change ?

Il y a un peu moins de filles en statistiques et c’est un vrai problème. Plus elles sont rares, plus elles doutent de leur place. C’est le serpent qui se mord la queue. Nous devons trouver un moyen d’en sortir parce qu’il n’y a vraiment aucune différence de compétence.

✨Pour faire des mathématiques, il y a juste besoin de neurones qui se connectent. Et ça, tout le monde en a !

Si vous pouviez résoudre une seule équation ?

L’équation de la vie ? Je ne suis pas sûre que ce serait une bonne idée… En fait, ce serait un peu triste de savoir à l’avance tout ce qui nous attend, même avec des marges d’incertitude...

L'école tient à remercier Mitra Fouladirad pour son engagement remarquable dans l’organisation et sa forte contribution à la réussite et à la qualité de cet événement, essentiel pour le rayonnement de la communauté scientifique.

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