
La mer comme terrain de jeu, d’aventure et… d’ingénierie
De la découverte des îles du Frioul aux régates prestigieuses comme les Voiles de Saint-Tropez, les occasions et les façons, de larguer les amarres sont nombreuses pour les élèves-ingénieurs.

D’ailleurs, l’association de voile de l’école dispose même de son propre bateau : un J80 (plus connu sous le nom de J.Net ou Jiji), et d’un accès au stade nautique municipal, un site exceptionnel où se croisent les étudiants, les moniteurs de voile et les athlètes du Pôle France.
Allez hop ! On vous embarque à la découverte des sports aquatiques et de tout ce qui met du vent dans les voiles des jeunes centraliens… Qu’ils soient en recherche de compétition, de premières fois, de technique, d’aventures, de sport, ou de grand, grand air… Tout simplement.
L’offre académique : de la découverte aux vocations
La mer à Centrale, c’est d’abord un programme académique riche et accessible à tous. Voile habitable, dériveur, laser, catamaran, planche à voile, mais aussi plongée ou randonnées aquatiques pour explorer les calanques : il y en a pour tous les niveaux que l’on ait déjà mis les pieds sur un bateau, ou jamais.
Chaque rentrée commence par un pré-sondage et une mini-croisière jusqu’aux îles du Frioul, soit avec l’iconique navette marseillaise, soit avec l'habitable de l’école. « Arriver en première année et découvrir tout cet environnement, c’est à faire ! C’est le premier dépaysement qu’on peut s’offrir. Quand on est en mer on change de regard sur la ville », explique Valérie Couteron, autrefois monitrice de voile et aujourd’hui coordinatrice et enseignante APSA (Activités physiques, sportives et artistiques).

Naviguer, c’est aussi apprendre autrement. On trouve une application concrète sur l’eau aux cours de mécanique des fluides, d’énergie offshore, de portance. En mer, on voit littéralement quand l’écoulement du vent dans ta voile n’est pas bon, un moteur de bateau, c’est de la mécanique, et manipuler un dessalinisateur, c’est faire de la chimie !
Mais la mer ce n’est pas que ça pour Valérie Couteron. Ce sont aussi beaucoup de qualités et une exigence de tous les instants.

Valérie Couteron
Sur un bateau, il faut sans cesse se dépasser, anticiper les conditions et s’adapter pour prendre les meilleures décisions. Rien n’est laissé au hasard : chacun a un rôle précis, et la hiérarchie à bord est clairement établie.
La navigation repose avant tout sur la cohésion de l’équipage ; on avance ensemble, dans un même effort. Dans les moments de tension, il faut savoir garder le cap, rassurer, donner des ordres avec justesse et trouver le ton juste, même sous la pression.
En bref, en mer, on développe un bon panel des soft skills du futur manager.
Et pour certains, c’est même une révélation professionnelle. Capucine, 21 ans, responsable du sport au Massilia Défi Voile (MDV), en est l’exemple vivant, elle se rêve déjà un avenir dans l’ingénierie navale.
Et pour cause, son association agit comme un véritable tremplin professionnel. Lila Lenoël, ancienne vice-présidente du MDV a par exemple décroché un CDI chez Mer Concept, le chantier naval fondé par François Gabart en 2006, l’ancienne star du Vendée Globe. Un univers de bateaux, de course mythiques, typiquement de quoi faire rêver les futurs ingénieurs…

Des petits bateaux dans la tête
Avec le soutien de l’école et des associations, des aventures mémorables prennent vie…
- Into the Wind : trois étudiants, Eloi, Soen et Adrien, préparent leur césure autour de l’Atlantique. À bord de Galinette, leur voilier RS4, ils partiront en octobre 2025 pour neuf mois de navigation, de Marseille au Brésil en passant par le Sénégal, les Caraïbes et l’Amazonie. Leur aventure sera aussi scientifique : en partenariat avec l’association Astrolabe Expéditions, ils enregistreront les sons des cétacés grâce à un hydrophone pour alimenter une base de données internationale.📸 Suivre leur voyage sur Instagram

- La Mini de Louis : Louis Bouscasse va courir une "mini transat" en solitaire sous les couleurs de l’association « Aide aux jeunes diabétiques ». La course se compose en deux étapes : des Sables d’Olonne jusqu’à Santa Cruz de La Palma (îles Canaries), puis de là jusqu’à Saint-François en Guadeloupe. Grâce au soutien de l’école, Louis a pu participer à ses entraînements en amont de cette aventure exigeante. Il partage ses préparatifs et navigations sur Instagram 📷 @laminidelouis.
- Les sportifs de haut niveau trouvent d’ailleurs les moyens de vivre pleinement leur passion à l’école, tout en poursuivant leurs études. C’est le cas de Jean-Philippe Boudard, élève de première année en Bachelor “ingénierie responsable et transformations digitales” et vice-champion du monde de voile jeunesse.
- Mooring Solution : née à Centrale Méditerranée, cette start-up développe une bouée connectée pour un mouillage plus durable et intelligent. Accompagnée par l’école dans le cadre d’une alternance entrepreneuriale, l’équipe a pu transformer une idée d’innovation en une véritable véritable entreprise.
- Et demain ? Un rêve commence à germer : organiser un Marseille – Nice à la voile qui réunirait les élèves et les personnels, un peu comme la « rando-cyclo », mais de l’autre côté de la côte. Un projet encore secret… mais qui pourrait bien voir le jour.

Pratiquer pour aimer, comprendre et protéger la mer
Au-delà du sport, les activités maritimes proposées à Centrale Méditerranée participent à un projet plus vaste d’établissement : celui de sensibiliser les futurs ingénieurs aux enjeux écologiques et à la mobilité douce. « Se comporter en citoyen dans la nature, c’est aussi ça qu’on apprend en mer. » insiste Valérie.
L'école propose également une option de 3e année "Mécanique, génie mer", portée par Julien Touboul, qui a pour objectif de former des ingénieurs capables de modéliser, concevoir et optimiser des structures et systèmes maritimes en intégrant les enjeux hydrodynamiques, environnementaux et énergétiques liés aux milieux marins.
Naviguer, c’est aussi prendre conscience des fragilités : nappes d’hydrocarbures, plastiques flottants, surfréquentation des mouillages. Les étudiants apprennent à conjuguer plaisir et responsabilité, en se demandant toujours comment protéger ces espaces exceptionnels.

À travers la voile et les sports nautiques, Centrale Méditerranée offre à ses élèves bien plus qu’une activité de plein air. C’est un laboratoire vivant pour l’ingénierie navale, les énergies marines renouvelables, et plus largement pour imaginer les mobilités de demain.
Comme le résume Valérie, la mer est à la fois terrain de jeu, d’aventure, d’ingénierie, mais surtout elle vient toujours nous rappeler notre place. « Avec humilité, on se souvient qu’on est juste un grain de sable dans l’immensité. »
Crédits photographiques : PXC Marseille