
Les vagues scélérates dans la lunette de Christian Kharif !


"Vagues scélérates - Enfin l'explication"
Article paru dans Science et vie (les dossiers océanographie), n° 1222 de juillet 2019 (p104 à 110). Christian Kharif, dans cet article explicite le cadre théorique solide dont les équipes de recherche disposent à présent.
"Vagues scélérates : ces monstres qui surgissent du chaos"
Article paru dans le journal La Marseillaise (c'est l'été / Provence terre de science) du samedi 10 au dimanche 11 août 2019 (p17). Présentation de ce phénomène naturel exceptionnel.

La Marseillaise : Peut-on prédire l'apparition d'une vague scélérate?
Christian Kharif : C'est ce que nous aimerions parvenir à faire. Idéalement, cela pourrait prendre la forme d'un radar scrutant le champ de vagues autour du bateau. Mais cela reste encore très difficile. Si les modèles explicatifs se sont affinés ces dernières années, passer de l’explication à la prédiction nécessite de numériser localement l'état de la mer avec un niveau de détail encore hors de portée des ordinateurs les plus puissants. En attendant, Météo-France fournit un niveau de risque global sous la forme d'un index, dit « de Benjamin-Feir », du nom des deux découvreurs de l'instabilité de l'onde qui peut engendrer une vague scélérate.
L.M. : Cet indicateur de Météo-France est-il valable dans toutes les situations ?
C.K. : En théorie, l'index de Benjamin Feir n'est valable que pour une mer agitée par une houle homogène. Or, des études récentes suggèrent que les mers dites croisées (c'est-à-dire quand deux trains de houle se superposent), seraient plus propices à l'apparition des vagues scélérates. À l'instabilité intrinsèque de chaque houle se conjugue alors un phénomène d'interférence : les vagues et leurs perturbations s'additionnent.
L.M. : Sur quoi vont porter vos prochains travaux ?
C.K. : Nous souhaitons reproduire la vague scélérate qui a frappé le ferry Jean Nicoli en collaboration avec nos collègues de Taïwan qui disposent d'un bassin de grande dimension permettant de simuler en laboratoire une mer croisée. En parallèle, je travaille à l’amélioration des modèles théoriques afin de mieux rendre compte des effets du vent et des courants sur la forme et la durée des vagues scélérates
Propos recueillis par J.-B.V.