École

« En prépa, beaucoup d’étudiants oublient leur corps, nous sommes là pour les aider à retrouver un équilibre »

Pour l'inauguration de notre gymnase, Valérie Couteron et Jean-Philippe Bayle, enseignants APSA (Activités physiques, sportives et artistiques) reviennent sur l’importance du corps en mouvement dans la formation.
fête du sport - gymnase

Qu’est-ce que le gymnase a changé pour vous ?

Le gymnase a tout changé. Depuis son ouverture en septembre 2022, les élèves ont la possibilité de prétendre aux activités sur le site de l’école. Ils n’ont plus à courir dans  les différentes infrastructures marseillaises. Ce gymnase permet de pratiquer tous les sports collectifs et certains sports de raquette (badminton, tennis de table). Nous avons vraiment un outil de qualité, bien pensé, bien conçu.

Concrètement, cela signifie que les cours de sport sont intégrés dans la maquette pédagogique, les cours s'inscrivent dans le cadre de la journée, en matinée et entre midi et deux. Cela nous offre une facilité d’accessibilité à la pratique que nous n’avions pas jusqu’alors. Les étudiants n’ont donc plus des amplitudes horaires qui pouvaient parfois les faire finir leur journée à 21h ou 22h. Cet outil a un énorme impact en termes d’accessibilité, de gain de temps, de pratique, de représentativité auprès des autres écoles, du championnat universitaire.


Les bénéfices de ce bâtiment dépassent donc le cadre des cours obligatoires…

Au-delà des étudiants, c’est un outil partagé par l’ensemble des personnels via Centrale Sport. Il est également ouvert à toutes les associations de l’école, c’est le BDS qui attribue les créneaux d’entraînement. Cela nous permet d’avoir des équipes beaucoup plus compétitives, au féminin comme au masculin, pour briller sur des compétitions universitaires et inter-écoles.

Nos élèves ont désormais la possibilité d'accueillir  les différents tournois du championnat universitaire. Cela change la performance mais aussi la vie de l’école. La Farigoule, les Pompims peuvent s’y produire, cela apporte du sens et met en valeur nos acteurs.


Après quasiment un an d’utilisation, constatez-vous déjà un engagement en hausse des étudiants dans l’activité sportive ?

C’est encore trop tôt pour le dire. Par rapport aux prévisions du BDS, le taux de participation reste le même. Au sein du championnat universitaire, nous notons déjà une belle performance en handball et une qualification de l’équipe de rugby masculine pour les phases finales du Championnat de France universitaire. Pour l’année à venir, nous allons pouvoir dégager du temps pour que les étudiants aient plus d’entraînements en soirée, pour qu’ils aient de vrais temps de recrutements et de transformations des équipes.

Je (Valérie) forme les responsables des activités pour construire une séance, comment utiliser le matériel en sécurité. Il existe un vrai accompagnement d’APSA pour les associations, pour crédibiliser, les professionnaliser dans leur pratique. Nous faisons également en sorte que les associations qu’on accueille dans notre gymnase comme le club de badminton de Marseille ou le club de basket d’Allauch qui peuvent occuper le gymnase le soir après les associations étudiantes puissent bénéficier à nos étudiants qui pourront avoir un apport et être nourris d’un travail professionnel. Ce que nous essayons de créer avec ce gymnase, c’est un écosystème propre. Nous cherchons comment cela va servir la dynamique de l’école, en se demandant ce qu’on peut y gagner. C’est ce qui dicte toute notre politique de partenariats et d’activités.


Vous avez « décroché » le label JO 2024 ? En quoi cela engage l’école ?

L’idée est de promouvoir le sport au quotidien sur tous nos campus. On parle d’activités olympiques et paralympiques bien sûr, mais aussi, de sport santé, de sport bien-être et tout ce qui peut faire sens pour accompagner l’arrivée des JO dans 400 jours, notamment à Marseille. Nous sommes très actifs dans cette logique-là, à commencer par la fête des sports qui nous a lancés dans cette dynamique génération 2024.


Quels vont être les grands moments de cette année très spéciale ?

En plus des Sp'Art, rencontres sportives et restitutions artistiques de fin de semestre, ce sont les journées universitaires olympiques, la semaine olympique et fin juin, la journée nationale olympique. Autant d’activités qui nous permettent de diffuser des valeurs olympiques, paralympiques. À Marseille, la voile va être un moment fort, on partage beaucoup avec l’association de voile, le MDV (Massilia Défi Voile). Notre objectif, favoriser la rencontre avec les athlètes du Pôle France qui s’entraînent déjà dans la rade de Marseille, faire réfléchir nos étudiants sur de la création d’outils au service de ces athlètes. Notre école d’ingénieurs peut être citée et valorisée aussi. C’est le tout début. Nous allons travailler avec le CREPS PACA en ce sens.


Comment définissez-vous plus largement votre politique d’activité ?

Avant notre arrivée, les activités APSA étaient moins diverses. Nous avons élargi et équilibré l’offre. Désormais, les activités sportives, les activités bien-être et les activités artistiques occupent toutes un tiers de l’offre APSA.

Les APSA infusent dans tous les secteurs de l'école, Sciences-Sports-Arts. Nous recherchons avant tout la cohésion, le partage. Nous souhaitons être moteur de la vie de campus en étant au service de la performance, mais aussi au service du bien-être de tout le monde. Nous avons une offre de pratique de 25 activités, notre souhait c’est d’en faire partager tout le monde.


Le bureau des APSA, ce n’est pas juste de l’enseignement. Les activités sportives et artistiques sont synonymes d’un bien-être du quotidien et pour tout le monde. Nos élèves en ont besoin pour performer… Et à chacun de voire la hauteur de sa performance, être bien c’est aussi de la performance !


Vous parlez de performance, quels sont justement les objectifs pour les élèves ?

Venir de façon assidue et investie aux séances, pratiquer une activité qu’on a choisie. Tout cela va permettre au niveau de progresser au force de travail. Nous souhaitons favoriser cet engagement, cette rigueur, cette motivation au progrès. Partager des règles, assumer des rôles et des responsabilités.

Tous les élèves peuvent prétendre à n’importe quel cours, nous nous adaptons ensuite. La logique des APSA, c’est d’être dans une dimension où on accompagne au quotidien, dans le dépassement de soi, mais aussi être dans la cohésion, le partage avec les autres, savoir s’ouvrir, être capable de gérer sa sécurité. Ces activités sportives et artistiques sont des outils du mieux vivre et de la constitution d'un capital santé.


Au sein des APSA, les élèves sont porteurs de projets, organisateurs. Ces activités leur permettent d’acquérir des compétences présentes dans le référentiel de l’ingénieur centralien. Dans le cadre du spectacle Sp’art de fin d’année, le ou la régisseur.se principal.e va devoir trouver ses staffeurs, organiser et gérer l’événement. Cela va bien au-delà de la simple « consommation » d’activité. Ils acquièrent des compétences organisationnelles, des compétences managériales par exemple, et ce, en sport comme en arts. C’est une plus-value par rapport à cet investissement.

Je (Jean-Philippe) pense à une étudiante, Juliette Mérour, qui était cette année régisseuse générale du spectacle, de la régie, de l’ensemble de la coordination danse, chant et théâtre et qui a parfaitement réussi ce challenge. Elle peut en être fière. C’est de l’apprentissage par l’expérience. On est facilitateur de projet, mais on est dans une dynamique d’équipe. C’est le retour que nous font les étudiants. Les APSA sont de moins en moins vus comme une activité à valider, mais comme un espace pour pouvoir faire un rayonnement des associations dans l’ensemble des projets où ils peuvent s’investir.


Quel est le niveau des élèves ingénieurs lorsqu’ils arrivent à Centrale Méditerranée ?

En prépa, les élèves deviennent des machines à apprendre et bien souvent, ils en oublient le corps. Il existe une minorité qui a conscience qu’il faut faire du sport, y compris pendant ces deux années intenses. Notre message c’est qu’il y a un équilibre à trouver entre une activité cérébrale et une activité du corps en mouvement.

Le cursus artistique et sportif des étudiants a connu deux ans de coupure. Il faut les relancer quand ils arrivent. Ils sont jeunes donc ça va vite, mais on reste vigilant. C’est la raison pour laquelle on accompagne les responsables des associations sur comment on construit une séance pour éviter des blessures. Nos étudiants ont besoin d’apprendre les exigences et la rigueur des entraînements d’un certain niveau. Nous sommes aussi dans une dynamique d’ouverture pour découvrir de nouvelles activités. Nous proposons du raid nature, de la voile, du kayak, du VTT, de la randonnée, du longe côte par exemple, en nous appuyant évidemment sur la richesse de notre environnement.

On est aussi engagé dans l’inclusion. Dans APSA, chacun trouve sa place. On a des étudiants en situation de handicap qui ne peuvent faire du sport. Ils peuvent pratiquer d'autres activités, du chant, du théâtre par exemple qui leur permet également de mettre leur corps en action. Notre objectif est de promouvoir des activités non statiques. En arts plastiques, on ne fait pas de l'art appliqué derrière un bureau, mais des projets comme « repeins ton école » qui demande une réelle implication physique. En plus du développement du sens artistique, les étudiants vont avoir une empreinte visuelle directe sur l'environnement de l'école. 

Avec APSA, le large choix des activités proposées permet à chaque étudiant de trouver sa place en adéquation avec ses attentes. C'est un engagement à la mesure de chacun qui favorise un autre degré d'ouverture et d'appropriation de son quotidien. 


Vous êtes aussi engagés dans la féminisation ?

On travaille aussi beaucoup sur la place des femmes dans ces activités, pour qu’elles trouvent leur place dans les cours. Certains cours sont mixtes, d'autres ne le sont pas. Cela favorise vraiment l'intégration de tous et la possibilité d'épanouissement de chacun. 

On a encore du mal à constituer des équipes de football, de handball notamment pour les compétitions FFSU qui ne sont pas mixtes. Nous constatons encore qu’il y a une prédominance des filles dans les activités artistiques et les activités sportives de circuit training, de renforcement. On essaie d’ouvrir, de nouvelles forme de pratique (hand à 4, handfit) pour promouvoir, inciter, pour donner la possibilité à chacune de découvrir, et progresser sans crainte dans la nouveauté. C’est l’un de nos objectifs.

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