École

Disparition de Lili Kimmoun, enseignante-chercheuse à Centrale Méditerranée

L’École a appris cette semaine, avec beaucoup de tristesse, la disparition de Lili Kimmoun. Une minute de silence a été observée jeudi 2 mars à l’École pour lui rendre hommage. Fabien Anselmet, Michel Benoit, Olivier Boiron, Hubert Branger, Christian Kharif, Bernard Molin, Fabien Remy et Julien Touboul ont écrit un texte pour retracer sa carrière.
Lili Kimmoun

En mémoire de Lili

« Nous sommes nombreux à avoir connu Lili Kimmoun par le prisme de sa carrière, brillante. Ce parcours a commencé avec l’obtention d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en « Dynamique des fluides et des transferts » à l’école Centrale Nantes (1992-1993), qu’elle avait préparé juste après l’obtention de son agrégation en mécanique, à l’école normale supérieure (ENS) à Cachan (1989-1992). À Nantes, elle avait fait ses premières armes sur les moyens d’essais hydrodynamiques de l’ECN, et débuté sa carrière en hydrodynamique à surface libre.

En 1994, Lili a rejoint le groupe de recherche « Interactions Océan Atmosphère » (IOA) de l’Institut de Recherche sur les Phénomènes Hors Équilibre (IRPHE), afin d’y préparer sa thèse de doctorat sous la direction de Christian Kharif et d’Hubert Branger. Ses travaux portaient sur l’étude des ondes de surface. En particulier, elle avait développé des approches théoriques et expérimentales afin de comprendre les ondes à courtes crêtes, c’est-à-dire lorsque deux trains d’ondes se propagent dans des directions différentes, et se superposent, formant un champ d’onde complexe. Elle avait étudié une large gamme de paramètres angulaires, et analysé la stabilité de telles structures. Dans ce cadre, elle avait déjà manifesté un très grand intérêt pour le développement de méthodes expérimentales très pointues. Elle avait, notamment, mis au point un dispositif permettant de mesurer avec une grande précision les pentes de la surface, validant ainsi ses approches théoriques.

À l’issue de cette thèse, Lili a contribué à qualifier le bassin de Génie Océanique FIRST, instrument de pointe, qui venait de voir le jour à La Seyne-Sur-Mer. Puis elle est devenue enseignante-chercheuse à l'École Centrale et dans l'équipe Structures Atmosphère Océan (SAO) du laboratoire IRPHE. Elle y a achevé la réalisation du canal hydrodynamique de l’École, dont la construction avait été initiée par Bernard Molin. Elle y a mené ses activités durant le reste de sa vie, en collaborant étroitement avec Bernard Molin, Fabien Remy, Yves-Marie Scolan, Michel Benoît et bon nombre d’enseignants et de chercheurs de l’école et de l’IRPHE, et plus généralement d’autres laboratoires marseillais (dont l’institut Fresnel par exemple à l’occasion de ses travaux sur l’application des métamatériaux en protection côtière). Elle a encadré ou dirigé plusieurs étudiants en thèse et postdoctorat, en lien avec les collègues de l’équipe SAO ou des chercheurs externes. Dans ses fonctions de chercheuse, Lili a manifesté, sans cesse, beaucoup d’enthousiasme, d’énergie, et de créativité.

Elle a consacré toute sa passion au développement de nouvelles techniques expérimentales, repoussant sans cesse les limites de ce qui était observable, mesurable. On pourra citer ses travaux sur le déferlement des vagues, et les approches optiques qu’elle lui a consacrées, ou encore ses travaux sur l’impact hydrodynamique, et le développement de capteurs de pression, à une résolution temporelle et spatiale encore jamais atteinte, et particulièrement dans un milieu diphasique, et enfin ses multiples études sur les vagues extrêmes sous toutes leurs formes, avec une analogie particulière liée à l’optique non-linéaire.

Il suffit de regarder le nombre, la diversité (académique et industrielle), et la renommée des collaborations internationales qu’elle a développées pour comprendre à quel point elle était appréciée. Elle collaborait avec des chercheurs irlandais, américains, australiens, japonais, taïwanais sur de nombreuses thématiques liées à la physique des ondes et l’hydrodynamique à surface libre. Lili ne négligeait pas non plus la diffusion scientifique auprès du grand public, à travers les nombreuses actions de médiation scientifique auxquelles elle a participé.

Néanmoins, il serait impossible d’établir ici une liste exhaustive des contributions scientifiques de Lili (un aperçu de ses productions peut être consulté sur Google Scholar). Par ailleurs, cela nous conduirait à négliger une autre facette de son engagement professionnel, l’enseignement.

En effet, Lili a débuté sa carrière par cet aspect, puisque très tôt, elle a obtenu son agrégation de mécanique. À Centrale Marseille, elle a porté, pendant de nombreuses années, la responsabilité du parcours de troisième année Génie Mer de l’école, et s’était fortement investie dans plusieurs enseignements de mécanique, dans le cours de Mécanique de 1A. Elle a également fondé en 2019-2020, en collaboration avec Michel Benoît, un diplôme de Mastère Spécialisé en Ingénierie marine et éolien offshore (IMEO), très apprécié de la communauté industrielle aujourd’hui. Jamais Lili n’a épargné son temps et son énergie pour développer au sein du groupe thématique Mécanique de nouvelles méthodes pédagogiques, de nouveaux contenus, et des TP expérimentaux originaux, trouver de nouvelles manières de transmettre au bénéfice de ses étudiants ingénieurs comme doctorants auxquels elle a su pour beaucoup également communiquer sa passion pour la recherche.

Cet enthousiasme, qui la caractérisait, était également présent dans sa vie personnelle, à travers notamment sa passion pour le vélo, l’escalade et la montagne. Nous sommes tous vraiment reconnaissants des multiples actions menées par Lili pour l'École et le laboratoire IRPHE, et nos pensées vont particulièrement à sa famille. »

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