
Rencontre avec Miguel Alonso, directeur de la recherche à Centrale Marseille


Miguel Alonso a reçu le diplôme d'ingénieur en physique de l'Université Autonome Métropolitaine (UAM) à Mexico et le doctorat en optique de l'Université de Rochester. Il a travaillé à l'Université Nationale Autonome de Mexique (UNAM) pendant trois ans, avant de rejoindre la faculté de l'Institut d'Optique de l'Université de Rochester en 2003. En 2018, il s'installe à Marseille dans le cadre d'une chaire d'excellence A*MIDEX pour poursuivre ses recherches à l'Institut Fresnel et enseigner à l'Ecole Centrale Marseille. Il a publié plus de 115 articles dans des revues à comité de lecture, ainsi que 7 chapitres de livres. Il co-dirige annuellement la Preparatory School of Optics au Centre international de Physique Théorique de Trieste. Il est Fellow de l'OSA (The Optical Society), a été éditeur associé et éditeur adjoint d'Optics Express, chaire de Spotlight on Optics, éditeur associé d'Optica, et est actuellement éditeur en chef de Optics Letters. Ses recherches portent sur les aspects mathématiques de la propagation des ondes, en particulier sur la description et les applications des faisceaux avec des distributions structurées d'intensité et de polarisation, la cohérence optique, et la connexion entre les modèles de rayons et d'ondes de la lumière.
Je pense que la plupart, voire tous les chercheurs, sont curieux et portés par la possibilité de résoudre un problème qui n'a pas encore été résolu, ou même simplement le défi de poser un nouveau problème important. Personnellement, une de mes sources de motivation est la beauté inhérente au sujet que j'étudie. Cette beauté peut provenir de l'élégance du formalisme, d'interprétations géométriques illustratives, ou d'analogies intéressantes avec des problèmes qui semblent aux premiers abords très différents. Une autre motivation c’est bien sûr la récompense de voir le fruit de sa recherche appliquée en dehors du laboratoire ou brevetée. Lorsque la recherche est de nature fondamentale, la récompense est moins immédiate. Pourtant étudier une nouvelle science mène tôt ou tard à des applications utiles.
Qu'est-ce qui vous motive le plus dans votre travail ?Il y a plusieurs réponses à cette question. Comme je l'ai mentionné plus tôt, l'étude d'un problème est passionnante, d’autant plus lorsqu’elle est récompensée par de nouveaux résultats. D’autre part, l'interaction avec les collaborateurs en général et avec les étudiants en particulier, m’est très précieuse. Dans mon expérience personnelle, l'enseignement et la recherche vont de pair, et les matières que je dois travailler davantage dans le but d'enseigner un cours trouvent souvent une voie dans mes recherches.
Pourquoi avoir accepté de devenir Directeur de la recherche ?Cette opportunité s’est présentée de façon assez inattendue en début d’année. Je crois que j'ai été invité à occuper ce poste car étant arrivé en France assez récemment, je voyais les choses différemment. Il y a quelques années, j’ai en effet pris la décision (aussi difficile qu’exaltante) de sortir de ma zone de confort et de quitter les Etats-Unis pour la France (et avant cela, le Mexique pour les Etats-Unis, les Etats-Unis pour l’Australie, l’Australie pour le Mexique, et le Mexique pour les Etats-Unis) un nouveau pays donc, une culture différente. Je suis en train de m'intégrer à l'École et à son environnement. La nouvelle équipe de direction pense que je peux apporter quelque chose, une vision différente de la recherche, je suis prêt à faire de mon mieux dans ce sens. L'intégration dans une organisation complètement nouvelle comporte certainement de nombreux défis, en particulier un système avec autant d'interconnexions avec différentes structures. Il y a aussi, bien sûr, le challenge de travailler dans une langue que je ne maîtrise pas encore parfaitement. J'ai beaucoup à apprendre, y compris la meilleure façon d'équilibrer ce poste avec mes propres recherches, mon enseignement et d'autres tâches externes. Heureusement, ce processus d'apprentissage se déroule au sein d'un groupe de collègues très sympathiques et accueillants.
Ces premiers mois en tant que Directeur de la Recherche, m’ont permis d’apprendre et de comprendre le fonctionnement de l’établissement, son environnement. Pour savoir où j'aimerais que l'École aille, j'ai d'abord besoin de comprendre où elle se trouve. Je peux néanmoins évoquer déjà plusieurs aspects qui feront l’objet de mes efforts dans un avenir proche. Premièrement, il y a une quantité impressionnante de recherches de niveau mondial en cours dans et autour de l'école. Cela doit être rendu plus visible à l’extérieur et auprès de nos élèves. De plus, je pense qu'il sera très précieux pour nos doctorants d'avoir une relation plus étroite avec l'École et d'interagir davantage avec le reste du corps étudiant. En fait, je pense qu'il est important de réfléchir aux compétences que nous souhaitons que nos doctorants possèdent, c'est-à-dire définir le profil de « Docteur Centralien ». Plus généralement, je compte faire ce que je peux pour aider mes collègues de l'École et des laboratoires à poursuivre leurs missions de recherche.
Elèves ingénieures de Centrale Marseille, si la recherche vous intéresse, sachez que Miguel Alonso participe justement à l’organisation d’une journée recherche le 17 septembre de 9h30 à 16h30 dans l’école.
En demi promotion, vous serez invités à découvrir les laboratoires de l'école centrale de Marseille (en cotutelle ou associés), les métiers de la recherche avec des tables rondes animées par des alternants recherche, des doctorants et post doctorants, et par nos enseignants chercheurs !