Jules, élève ingénieur et entrepreneur multi-casquette

Entre design, prototypage et ingénierie, l’aventure illustre comment une génération d’ingénieurs fait bouger les lignes à son niveau. Une aventure qui reflète aussi la volonté d’une école scientifique de conjuguer esprit entrepreneurial et grands défis liés à la mer et son économie.

Comme on se rencontre

"Je suis Jules, co-fondateur de Corto. J’ai grandi à Gémenos. C’est là, entre Saint-Cyr-sur-Mer et La Ciotat, que j’ai découvert le surf. Par mimétisme d’abord, en bodyboard derrière le voisin de lotissement. Puis sur une vieille planche qu’on m’avait prêtée, avant de rejoindre le club de La Ciotat.

J’ai tout appris en Méditerranée, puis, j’ai voyagé pour aller chercher de nouvelles vagues. Dès ma deuxième année à Centrale Méditerranée, je me suis inscrit en alternance entrepreneuriat avec une première idée de covoiturage en taxi à l’aéroport. Finalement le projet qui sera le bon, je l’ai trouvé en voyage. Lors de mon année de césure en Amérique du Sud."

On dit que les voyages forgent la jeunesse, c’est complètement vrai.

“J’étais en césure en Amérique du Sud et une de mes expériences consistait à protéger des œufs de tortues contre les coyotes et les braconniers sur une plage panaméenne. Ce volontariat était passionnant.”

Bien vite Jules s’achète une planche. Les vagues sont parfaites mais le soleil impitoyable gâche ses sessions : éblouissement, coups de soleil, douleurs aux yeux… Il doit écourter ses sorties, frustré d’abandonner des vagues de rêve.

Jules Besson

Co-créateur de Corto

L’ennemi numéro un des surfeurs c’est le soleil, et les équipements actuels. Les casquettes sont trop rigides, elles nous empêchent d’effectuer certains gestes, ça bouge dans tous les sens quand on plonge sous une vague et on ressemble à un joueur de water-polo.

La naissance de Corto

"C’est sur le spot de Corto Circuito que l’idée m’est venue : une casquette vraiment pensée pour le surf. Souple, résistante à l’eau salée, confortable, elle devait permettre une totale liberté de mouvement sans compromettre la performance.

Avec Corto, on tire simplement la casquette autour du cou : plus besoin de choisir entre protection et confort. Contrairement aux autres solutions, on peut l’enlever et la remettre facilement, sans gêner la vision. Si la lumière baisse, il suffit de la glisser dans une poche."

Une équipe soudée par la mer

Autour de Jules, l’équipage s’est formé naturellement. Il y a Louis, cofondateur passionné de surf et camarade centralien du Massilia Défi Voile (le club des activités nautiques de l’école). Andrea, rencontré via KSI, la junior-entreprise de Centrale Méditerranée, passionné de voile et de trail. Et deux designers : Sébastien, et Rose.

Leur point commun ? Une envie d’agir, ensemble et une passion pour la mer. Louis étudie même les vagues de surf dans le cadre professionnel.

En s’appuyant sur les ressources du Deck, le pré-incubateur de l'école, l’équipe a franchi plusieurs étapes structurantes. D’abord lauréats du prix du projet innovation du FOCEEN, ils ont ensuite remporté la finale locale des Entrep’, organisée sur le campus de Centrale Méditerranée, avant de décrocher la victoire nationale à Dijon.

“Une expérience pas toujours simple, mais ultra formatrice. Gérer un business plan en parallèle des stages, c’est du sport.”

Ces reconnaissances successives saluent un projet résolument technique et scientifique : prototypage, tests en mer, choix de matériaux… Dans ces moments-là, le profil d’ingénieur généraliste fait la différence : capable de passer d’un sujet à l’autre, fort d’un esprit critique nourri à l’école comme à l’international, avec une vision à la fois systémique des sciences mais aussi du monde et de ses fragilités.

Quelle est la suite pour Corto ?

"Nous avons un Minimum Viable Product (MVP), maintenant l’enjeu c’est d’industrialiser le produit. Nous voulons une casquette durable, performante… et stylée. Pour la visière, nous utilisons du néoprène revalorisé à partir d’anciennes combinaisons de surf : un vrai défi, car toutes ne réagissent pas de la même manière. Certaines forment des plis, d'autres non. Il faut trouver le bon équilibre entre souplesse, rigidité et tenue dans l’eau. À terme, nous aimerions même revaloriser les lycras des clubs de voile.

Le style viendra, mais pour l’instant, notre priorité c’est la solidité du produit.

C’est pourquoi nous cherchons à lever des fonds, gagner des concours et nous entourer de bureaux d’études spécialisés pour fiabiliser la conception. Nous avons déjà quelques devis pour lancer les premières phases de recherche et développement. ça c’est pour le court terme."

Jules Besson

Co-créateur de Corto

À long terme je voudrais que Corto devienne une marque à part entière avec des t-shirts, des accessoires. Une marque née du surf, mais qui parle aussi aux trailers, aux marathoniens… à tous ceux qui cherchent du léger, du modulable et du beau.

“Fonce. Il n’y a pas de question à se poser.”

Quand nous demandons à Jules ce qu’il dirait à un élève de 1^re année qui hésite à lancer son projet, le jeune ingénieur n’y va pas par 4 chemins :

"À Centrale, il y a toutes les structures pour nous accompagner. Et si vous avez l’envie, vous allez apprendre des choses que vous n’apprendrez jamais ailleurs. L’entrepreneuriat, c’est du concret. Et même plus que ça : c’est apprendre en faisant, affiner ses idées au contact du réel."

Il évoque aussi les soutiens qui ont compté :

Sarah Sébastien, graphiste et centralienne pour son travail fantastique sur l’identité visuelle.
L’Institut Sports Océan pour leur soutien et leur engagement à ses côtés (et pour les combinaisons à upcycler ♻️).
Françoise Perrin pour son accompagnement depuis le début, au sein de Centrale Méditerranée et du Deck.
Les Entrep’ Aix-Marseille pour cette belle aventure.
Rémy Roupie, son coach, qui ne l’a jamais lâché depuis le début de l’aventure et l’a toujours poussé à se dépasser.
Tous les élèves du Deck pour les échanges autour de leurs projets respectifs.

Corto c’est un projet collectif !

Et c’est aussi le fruit d’une formation qui donne la liberté d’explorer, de tester et d’oser. Grâce aux dispositifs d’accompagnement comme l’alternance entrepreneuriat ou le Deck, ce qui n’était qu’une idée au départ est devenue une entreprise en devenir.

Jules conclut "Je sais qu’il ne s’agit pas d’un projet qui change une vie. En même temps, pour Louis et moi, le surf c’est toute notre vie. Alors si la casquette peut permettre de passer des meilleurs moments dans l'eau, c'est déjà pas mal !"