Transformations responsables

8 mars : portrait d'Ines Boucher

À Centrale Méditerranée, nous croyons en la force des rôles modèles pour inspirer les générations futures.

Avec 33 % de femmes dans notre programme ingénieur, nous avons à cœur de mettre en lumière leurs parcours, leurs ambitions et leurs engagements.
Portrait d'Inès Boucher

Notre démarche

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous avons proposé à nos élèves de leur prêter notre voix et notre visibilité, chaque jeudi du mois de mars, pour qu’elles partagent leurs expériences et inspirent celles et ceux qui façonneront le monde de demain.

Aujourd’hui, laissons la parole à Ines Boucher, étudiante en 1re année.

Le syndrome de l’imposteur au prisme du genre

Le syndrôme de l’imposteur. Ce mot dont la signification est vague est pourtant un sentiment bien réel pour certains, et particulièrement pour certaines dans ce contexte. On a beau être la femme la plus féministe du monde, certaines croyances semblent nous suivre dans chacune de nos démarches et nos choix. Malgré leur persistance nous tendons presque à les oublier tant elles sont ancrées dans nos esprits, mais leur impact réside.

Le syndrôme de l’imposteur se définit pour moi comme l’impression tenace que nos capacités en tant que femme ne peuvent pas être à la hauteur de ce qu’un homme est capable d’accomplir, et que notre place à leur côté est en permanence remise en question, comme si nous étions uniquement chanceuses d’avoir réussi à nous en tirer jusqu’ici.

Il ne suffit pas d’être talentueuse pour se sentir méritante de son succès ; en effet, il semble inconsciemment intégré par tous qu’une femme ne peut réussir qu’en étant studieuse et assidue ; elle ne sera jamais gratifiée du terme “génie”. Alors, lorsque la victoire semble trop facile et naturelle, il est aisé de faire valser tout sentiment de légitimité par une parole maladroite ou dégradante. Aussi, bien qu’également qualifiés sur le papier, il paraît être un lieu commun de savoir  qu’une femme sera moins performante qu’un homme sur une même tâche. En réalité, cela relève d’un processus d’auto-sabotage longuement étudié par les sociologues comme le suggèrent par exemple des analyses d’Isabelle Régner, enseignante-chercheuse et  Directrice Adjointe du Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences (CRPN) mais il ne suffit malheureusement pas de le savoir pour évacuer ces pensées parasites.

Ce syndrome de l’imposteur est naturellement bien plus présent lorsqu’une femme se retrouve dans un milieu majoritairement masculin ; les écoles d’ingénieurs rentrent dans cette catégorie. La supériorité numérique des hommes appuie sur ce sentiment d’imposture. Il nous semble être le fruit du hasard de se retrouver parmi tous ces hommes que l’on aura tendance à croire plus qualifiés.
J’ai néanmoins la chance de me trouver dans une promotion tendant vers une parité. Étant plus d’un tiers de femmes au sein de l’école, le sentiment d’imposture s’efface légèrement et nous laisse la possibilité de nous épanouir dans nos activités d’étudiantes.

C’est ici qu’à mon sens l’étudiante peut saisir l’opportunité d’amoindrir ses croyances négatives, car l’école met à notre disposition un système enrichissant : celui des associations étudiantes. C’est l’occasion d’affirmer le droit et la légitimité d’une femme à se saisir de responsabilités au sein d’une structure, ici les associations.

J’ai pour ma part la chance de constater par moi-même que les femmes sont parfaitement capables de belles choses, et particulièrement de diriger des projets, par mon poste de présidente à La Tribune de Centrale Marseille. Cette association organise des conférences mensuelles ainsi que d’autres projets comme des MUNs, un concours d’éloquence ou les Automnales – une journée en automne de conférences autour d’un thème, cette année Marseille vue sous tous les angles. La Tribune a pour but de rendre la culture et la connaissance accessibles à tous les étudiants de l’école et de susciter la réflexion et le débat autour de sujets sociaux, politiques et culturels. En plus de la joie que je partage avec le reste de l’équipe – et notamment avec la Vice-Présidente Clara Duchez – à organiser ces évènements, ce rôle important au sein d’une association me permet d’asseoir la place des femmes dans les discussions et débats culturels et politiques, desquels elles sont souvent exclues – par les autres ou par elles-mêmes. C’est également l’occasion de rappeler, et en premier à moi-même, qu’une femme a parfaitement sa place en tant que leader.

Étant également tutrice dans l’association Échanges Phocéens, j’organise des séances d’ouverture culturelle pour des élèves issus de milieux défavorisés, ce qui stimule particulièrement ce questionnement de légitimité. Car si une femme n’a pas les mêmes connaissances et capacités qu’un homme, comment pourrait-elle transmettre son savoir ? J’apprends donc à chasser ces pensées qui me quittent un peu plus à chacune de ces séances qui sont riches en échanges et en partage.
Mon engagement dans les associations Astrolab — dont le nom parle pour lui-même — et Femin’isf — le pôle de l’association ISF Provence engagé pour la lutte d’égalité des genres — participent également à mon épanouissement en tant que femme dans le milieu très masculin de l’école d’ingénieur.
Face à ce bilan personnel, je tire la conclusion qu’il me semble important que les femmes (futures) ingénieures se saisissent des opportunités qu’elles ont de s’épanouir à leur façon dans un milieu à dominante masculine et de s’y affirmer, sans honte et avec légitimité.

Je suis assez heureuse et satisfaite d’avoir eu moi-même ce genre d'opportunités, même si cela ne règle en rien le problème de fond, la source de ces croyances, et uniquement mon sentiment vis-à-vis de celles-ci.

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Nous vous remercions d’avoir suivi ces 3 témoignages passionnants de nos élèves, nous les remercions chaleureusement d’avoir pris la parole.

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